Nkurunziza croyait avoir tout gagné jusqu’à ce qu’il se fait tirer une balle dans son propre pied par le maudit référendum.
Jusqu’au début de la présente campagne référendaire du 3/05/2018, le pouvoir Nkurunziza se croyait être homme fort du Pays et maître de toutes les situations compliquées. Défiant même l’Union Africaines, les initiatives de la sous-région, se baptisant même David face aux puissances occidentales et les organisations internationales, au Burundi, il se croyait indétrônable, indéboulonnable et même « guide suprême éternel ».
Tout avait commencé en 2007 quand il a eu le courage d’évincer son mentor Hussein Radjabu, qui commençait à afficher des envies démesurées avant d’étouffer toute son influence à la chambre des représentants. Il ne lui aurait fallu par la suite que quelques dizaines de milliards, selon ses détracteurs, pour faire taire ceux qui pouvaient s’opposer à la violation du compromis des Bagumyabanga qui stipulait, au sortir du maquis, une alternance de 5 ans non renouvelable pour représenter le parti de l’Aigle aux présidentielles. Le boulevard était devenu libre pour lui seul comme candidat en 2010 afin de briguer un autre quinquinat jusqu’en 2015.
Un véreux arbitre du nom de Ndayicariye fût trouvé pour être l’artisan de la mascarade électorale avec le truquage des élections communales qui seraient réellement gagnées par le leader du FNL Agathon Rwasa selon certaines sources des agents de la CENI de l’époque. La communauté internationale, la société civile, la presse et les confessions religieuses n’ont pas pu élever la voix pour donner crédit aux revendications de la coalition d’opposition Ikibiri qui abandonna la suite des élections pour fraudes massives.
Il se pourrait que les preuves étaient suffisantes pour annuler le scrutin mais que finalement selon la communauté internationale, il serait risquant de compromettre ces élections, tenues encore dans la recherche de l’équilibre d’une nation meurtrie par la guerre. On avait peur que le CNDD-FDD retourne au maquis une fois remise en cause. On préféra finalement de « valider les élections truquées » au nom d’une paix précaire d’autant plus que Rwasa Agathon qui était favori lors des communales n’inspirait pas également de la confiance au sein de la communauté internationale et la principale organisation politique « représentant la communauté Tutsi ».
Pour continuer à régner en solo sur l’espace politique Burundais, Nkurunziza n’a pas hésité à envisager une purge contre les leaders communautaires du FNL et du MSD devenu aussi séduisant au sein de l’électorat, dans plan macabre surnommé Safisha. Des exactions battent tous les records en 2011 où des centaines de membres du FNL furent horriblement assassinés et jetés dans des rivières. La société civile dont le célèbre défenseur des droits humains Pierre Claver Mbonimpa alarme le monde, la presse dénonce, la communauté internationale ne fait qu’écrire les messages de condamnation qui ne dissuadent Nkurunziza. Le peuple l’attend au tournant aux présidentielles de 2015, à la fin des 2 mandats permis par la constitution et les accords d’Arusha. Encore une fois, Nkuruziza commence par s’imposer dans sa famille politique en anéantissant le fameux comité des sages du CNDD-FDD et toute l’opinion au sein du parti qui était contre sa réélection à la candidature du Président pour le 3è mandat. Il en est aidé par les généraux illettrés issus du CNDD-FDD qui promettent du feu et du sang contre tous ceux qui s’y opposeraient. Le 26/04/2015, Nkurunziza s’impose officiellement comme seul candidat du CNDD-FDD à la présidentielle et met fin au suspens sur son éventuelle succession au pouvoir alors que toute la communauté internationale criait au scandale.
La ligne rouge dépassée, le peuple sort de son mutisme cette fois-ci par des manifestations pacifiques incessantes afin de préserver un accord historique de paix. Nkurunziza sort ses griefs alors pour montrer que nul ne pourra le dissuader contre sa volonté de s’éterniser au pouvoir. Ces manifestations anti 3è mandat sont systèmatiquement réprimées dans le sang au vu et au su de tout le monde.
Un coup d’Etat raté du 13/05/2015 lui emboîte le pas pour mettre en exécution un génocide, qui plane depuis un temps, contre ses opposants Hutu modérés et des « éternels ennemis Tutsi dont il faut se débarrasser une fois pour toute »,
Le régime n’hésite pas d’utiliser tous les moyens possibles pour endoctriner le peuple et allumer la mèche de haine ethnique contre les Tutsi. D’un autre côté, Nkurunziza s’enferme dans sa logique paranoïaque isolationniste, brandissant la souveraineté nationale dénonçant un complot international imaginaire contre lui pour faire taire toutes les voix qui le conseillent de revenir à la raison dans sa folie meurtrière qui précipite le pays dans le gouffre.
Sa milice imbonerakure trouve l’occasion de matérialiser sa haine contre tout opposant et contre les Tutsi nourrie depuis plusieurs années. Le viol, le crime, la torture horrible, les passages à tabas deviennent le modus operandi de ces miliciens qui pullulent sur les collines. Ces derniers deviennent faiseurs de pluie et de bon temps sur le territoire national. Ce qui est grave, presque tous les services étatiques s’associent à eux pour opprimer les opposants. Le monde est choqué mais toujours inactif, Nkurunziza réplique par son cynique argumentaire de la souvernaité et le complot imaginaire. Il perd au niveau de la raison mais gagne au moins au niveau de l’inaction de cette communauté internationale qui reste divisée sur les enjeux du monde. Entre temps les Burundais continuent à souffrir et à fuir vers les pays limitrophes. D’un autre côté, Nkurunziza échoue quand même dans sa politique divisionniste éthniste parce que le peuple ne semble pas y prêter attention. Seuls les cerveaux lavés, les cerveaux réservés, les extrémistes Hutu, les prostitués politiques et les sans conscience peuvent croire à ses déboires.
Cependant, il va par ailleurs renforcer la médiocratie en répertoriant tous les âmes de bassesse pour l’aider à enfoncer la république politique. Sa machine à tuer continue son œuvre et les rapports sur le Burundi se multiplient. Dénonciations sur dénonciations, son bras droit, Willy Nyamitwe, patron de la communication à la Présidence continue à peaufiner sa stratégie négationnisme pour jouer sur le temps et permettre à son boss de continuer à briguer son mandat de sang. La communauté internationale qui avait mandaté la sous-région pour mener un dialogue inclusif interburundais ne constate que la fumée de ses dollars brûlés sans aucun résultat suite au refus systématique de Nkurunziza de s’assoir avec des vrais protagonistes susceptibles de ramener la paix. L’opposition extérieure résolue à des simples appels au secours, l’opposition interne terrée dans la peur totale avec seulement quelques sorties médiatiques sur les médias, l’opposition armée manquant de soutien et déchirée par la guerre des égos, la sous-région plus que divisée sur la question et hantée par les problèmes de la mauvaise gouvernance et les positionnements géopolitiques; Nkurunziza semblait finalement gagner sur tous les terrains contre un peuple meurtri, essoufflé et terrorisé, contre la communauté internationale. Tous les ingrédients sont bons pour mettre fin à cette aventure de paix sociale par le référendum constitutionnel taillé sur mesure. Il ne faut pas perdre de vue que son argumentaire repose toujours sur la Divinité et la souveraineté du peuple sur les décisions du pays. Une façon moins déguisée d’ailleurs de se moquer de tous ceux qui parlent encore du compromis Burundais comme garant de toute stabilité. Toutes les voies du monde s’élèvent pour le nième rappel à l’ordre mais Nkurunziza semble être préoccupé par une seule chose, un référendum qui viendrait lui donner légitimité, balayer tous les obstacles à sa volonté. Comme d’habitude, il fait sourde oreille à tout appel à la raison et signe même un décret appelant à la campagne référendaire. Jusque-là, aveuglé par le pouvoir, entouré des extrémistes incompétents qui ne font que caresser la bête dans le sens des poils, il ne réalise pas qu’il vient de se tirer une balle dans le pied. Il ne soupçonne pas que Nyamitwe, fort dans la manipulation, les montages et dans les coups bas, ne peut pas anticiper les évènements politiques pour faire une bonne lecture objective de la situation.
Voilà alors que son référendum tant chanté révèle ce grand inconnu gênant, l’énigmatique Rwasa Agathon qui vient tout chambarder contre toute attente.
En principe, le vol, la démesure, le mépris et l’ivresse politique empêchent de voir la réalité, mais trop de pouvoir aveugle. Tout le monde, sauf les boulimiques politiciens et leurs fanfarons pouvaient voir que Rwasa Agathon reste l’homme populaire dans la population « Hutu » très militaire dans l’électorat au Burundi. Lui usurper la présidence du parti FNL, réprimer ses militants dans le sang ne suffisent pas pour délégitimer le leader historique des FNL. Voilà qu’une campagne orientée vers le référendum de diviniser Nkurunziza vient de lui dévoiler la face au vu du monde entier. En voici Nkurunziza se proclamant dieu des Hutu qui n’est qu’une imposture aux yeux des Hutu, qui en ont d’ailleurs mal de la politique divisionniste de Nkurunziza.
Encore une fois, faudrait-il rappeler que » Abarundi bagona bari maso » (Les Burundais font semblant de dormir alors qu’ils ne dorment pas).
Trop c’est trop, on ne peut plus étouffer une opinion par l’écoulement du sang, le temps finit par tout révéler. En affrontant la peur, les intimidations, les menaces du pouvoir contre ceux qui osent s’opposer au « oui », les membres de la coalition Amizero y’Ayabarundi viennent de montrer que le Burundais ont goûté à la démocratie, rien ne les arrêtera dans leur détermination. La campagne référendaire s’avérait, dans la tête des adaptes de Nkurunziza, la chasse gardée du seul CNDD-FDD, qui selon eux, seul ce parti de l’Aigle est très présent sur terrain et dans les esprits des « Benegihugu ». Les autres étant résignés à se taire, mourir ou fuir. Les conseils de Nkurunziza étaient plus que sûrs que personne n’osera se montrer publiquement contre le projet de Nkurunziza, suite à la persécution dont les opposants font face quotidiennement sur tout le territoire national et même dans les camps où ils ont fui la tyrannie. Les Burundais ne sont pas dupes comme on peut le croire, c’est un peuple digne qui sait voir ce qu’il veut mais qui manque de leadership pour matérialiser leur dignité. Nkurunziza n’avait aucunement envisagé ce scénario inconnu de trouble-fête de Rwasa Agathon. Un autre Muhutu finalement plus fort que lui bien qu’il lui manque tous les moyens du pays pour le démontrer. Encore une fois, la légitimité et la légalité ne s’obtiennent pas à l’aide du canon ou d’achat des consciences, elles s’acquièrent plutôt par intégrité. Dommage que Nkurunziza ne puisse pas comprendre que Nyamitwe malgré son talent dans la magouille ait besoin de faire les études de stratégie communication pour comprendre le jeu politique si on n’est pas dans la vraie jungle. Il croyait trouver en ce référendum une arme redoutable contre tous ses opposants mais l’arme se révèle arme à double tranchant.
Pour mieux le manipuler, il va falloir savoir une autre formule plus intelligente ou trouver d’autres scénarii de la guerre. Mais s’il espère gagner, gare à lui si il garde comme stratège principal Willy Nyamitwe!