Par. JC. Nd. Le 05.01.2021
Il y a exactement 30 ans, les Burundais ont approuvé la Charte de l’Unité Nationale, »Ubumwe bw’Abarundi » par le référendum du 05 février 1991 à une majorité de 89.21%. Une charte adoptée solennellement par décret du Président Major Pierre Buyoya le 09 février 1991.
Ce concept « Ubumwe bw’abarundi » avait fait coulé trop d’encre et de la salive au cours des années 1990 au Burundi. En tout cas, pour moi, je me souviens de ce grand événement national, comme si c’était hier.
Encore très jeune pour comprendre tous les enjeux et les contours de ce grand projet initié par le Président Buyoya, je me souviens, qu’à l’époque, j’étais beaucoup plus intéressé par le folklore artistique et culturel qui l’accompagnait.
A l’occasion de la célébration de ce grand événement, je clamais et citais des splendides textes « amazina y’Ubumwe bw’abarundi » comme je le faisais pour chaque grand thématique relatif au grand événement national. Ces textes étaient composés par le très doué-enseignant, auteur-compositeur de mon école primaire, Jérôme BARASOKOROZA qui fût malheureusement emporté une année plus tard par la folie meurtrière des massacres génocidaires d’octobre 1993. Paix ait son âme.
Ce texte était plein de messages de paix, de solidarité, d’Ubuntu et surtout de patriotisme. Je faisais parti des artistes de la province Gitega choisis pour agrémenter les festivités inaugurant cette charte de l’Unité Nationale.
La mobilisation pour ce projet titanesque fût maximale à travers tout le pays. Des monuments de l’Unité furent érigés à tous les chefs-lieux des communes. Le plus célèbre restera bien sûr le Monument National érigé sur la colline Vugizo a Bujumbura.
Des livrets de l’Unité Nationale furent distribués dans tout le pays, pour sensibiliser tous les mieux sociaux. Le gouvernement de l’époque avait déployé tous les moyens nécessaires pour cet initiative, combien louable. Il faut mettre fin à cet obscurantisme de divisions ethniques, qui avait tan endeuillé le Burundi.
Au fond de moi, j’ignorais encore que les Burundais avaient cruellement besoin de recoudre le tissus social, à cet époque. J’avais seulement déjà eu écho des événements de NTEGA-MARANGARA sans connaître réellement des détails…
Le peuple avait besoin de cette charte nationale même si il y’avait quelques groupes des Burundais qu’on avait d’ailleurs qualifié à l’époque « d’extrémistes Burundais » qui en étaient contre: Je ne sais pas combien ils étaient et pourquoi ils étaient contre cette charte mais je me souviens tout de même que, dans certains coins du pays; l’urne « Blanc » symbole de « Oui à l’Unité Nationale » a été bourrée, voire même saccagée pendant le référendum adoptant l’unité.
Les autorités de l’époque avaient qualifié ces actes de « sabotage » par les ennemis de l’Unité.
De ces actes, il faut dire qu’on pouvait pressentir déjà un mauvais signe d’une fracture sociale entre les Burundais et un coup contre cette charte tant charte.
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Au delà de toutes les critiques, qui ne peuvent pas manquer, l’idée de l’unité nationale a été saluée par l’opinion Nationale et Internationale pour ce pays toujours en proie des conflits interminables.
Depuis l’indépendance, les conflits politico-éthniques ont créé des victimes et ont empêché aux Burundais de se sentir comme un seul peuple.
Malgré les apparences trompeuses et la peur des pouvoirs militaires, une partie de la population vivait une paix des cimetières, depuis quelques années. Donner cette occasion aux Burundais de tisser le tissus social et de renforcer les liens sociaux était le plus beau cadeau que le régime Buyoya I pouvait offrir à la Nation.
Même si on s’accorde à dire que la vraie Unité n’est plus efficace que quand elle se vit au quotidien. Il faut dire qu’il fallait initier ce discours réconciliateur pour bâtir un seul peuple uni par le Burundi.
Le régime de la deuxième République avait privilégié beaucoup le développement socioéconomique pour essayer d’éradiquer les conflits ethnique mais cette stratégie s’est avéré nécessaire mais mais pas suffisante.
Plusieurs observateurs affirment d’ailleurs que la tranquillité de la 2ème république n’était pas dû à la vraie paix dans les cœurs de tous mais beaucoup plus à la peur de « l’Etat policier ». Ce qu’on n’attendra pas longtemps pour le voir.
En moins d’une année après l’avénement de la 3è République, un incident qualifié de « simples faits » par certains témoins en commune Marangara, en Province de NGOZI avait causé des massacres d’une paisible population Tutsi dans les communes de Ntega et Marangara. Ces massacres furent suivis d’une répression très dure de la part du régime militaire. Je pense d’ailleurs que ces événements très malheureux et les attaques répétées de la rébellion du Palipehutu au début des années 1990 ont inauguré le debut de ce chantier de l’unité Nationale rêvée par le Président Buyoya. Ces événements étaient des signes qui ne trompaient pas sur l’urgence nécessité de réajuster la stratégie de la réconciliation nationale.
Ainsi, la Charte de l’unité adoptée par référendum Burundais fût un lancement d’un long chantier qui devrait se bâtir sur une longue période, par plusieurs acteurs de plusieurs générations des Burundais.
Cependant, certains ne se privent pas de se demander si le Président Buyoya avait suffisamment préparé la remise du chantier de la Réconciliation au régime issus des élections démocratiques du 6 Juin 1993. Ce dont on est sûr c’est que l’idéologie de la haine le manque de maturité démocratique a coûté extrêmement chère à la nation Burundaise à la suite de l’assassinat du President élu démocratiquement, NDADAYE Melchior.
Par la suite, les anciens détracteurs de l’initiateur de la Charte de l’Unité Nationale iront même jusqu’à accuser ce dernier d’être le déclencheur de la guerre civile et du génocide d’octobre 1993. Des accusations emboîtées dans le pas par le pouvoir actuel de Bujumbura. Feu Pierre Buyoya était d’ailleurs condamné et était, jusqu’ à sa mort, sous mandat d’arrêt International lancé pour l’assassinat du Président NDADAYE Melchior par le régime de feu Nkurunziza, lui- même qui en avait été condamné à mort pour terrorisme dans l’affaire MANDANDA, par la justice Burundaise pendant la guerre civile.
Toute fois, certains analystes estiment qu’il serait quasiment incompréhensible et même paradoxal pour Président BUYOYA d’intenter à un Président à qui il avait passé pacifiquement le pouvoir quelques mois avant alors qu’il pouvait le garder en truquant les élections comme le faisaient presque tous les Présidents Africains à cette époque.
De même, estiment les mêmes observateurs, il serait illogique que Buyoya dépense autant de moyens matériels et humains pour initier la Réconciliation Nationale, et en même temps la déchirer en faisant assassiner ou en renversant un Président élu.
On se demande, en même temps du point de vue juridique, le fondement de ces accusations de putsch contre une personnalité qui n’avait plus présentement, symboliquement et pratiquement aucune fonction et aucun pouvoir, au moments des faits.
Espérons que la justice dira un jour le droit pour éviter toute spéculation politico-politicienne dans une affaire aussi grave que celle-ci. Etant donné que la défense de l’accusé a été complètement par cette justice acquise au régime répressif.
Nous savons tous que nous vivons dans un pays où l’on est habitué aux procès de rue suite à une culture de mensonges et une absence de justice équitable.
Il est toujours difficile de parler des faits dans un pays où la très grande majorité ne consultent pas les canaux officiels d’informations crédibles. Actuellement, pire encore, les réseaux sociaux sont venus s’ajouter aux rumeurs des bistrots pour forger l’imaginaire collectif des Burundais basée en général sur une opinion, souvent tronquée .
Pour parler des faits, la mort de NDADAYE en octobre 1993 avait précédé des périodes de tensions et un climat malsain dans le pays. La victoire du parti Frodebu a été suivie par des actes d’intimidations et de provocations(Humiliations, voire même coups et blessures) contre les membres de l’Uprona et les militaires en congé dans certains coins du pays.
Il serait très sage si les gagnants avaient été relativement sages pour rassurer les perdants qui sentaient une menace grandissante à leur survie. Malheureusement, c’est le contraire qui s’est fait.
Même si la passation de pouvoir s’était faite dans la tranquillité, la campagne de remplacement de toutes les responsables nationaux (du Président de la République au chef de colline en passant par tous les services, postes politiques et techniques) s’est faite dans un climat qui ne rassurait pas. Sans jamais vouloir justifier le putsch quelque soit, cette campagne que l’on avait d’ailleurs baptisée « Gususurutsa » aurait créé une panique chez une certaine catégorie des élites de l’ancien régime.
Des provocations et attaques par des partisans zélé du parti qui accédaient au pouvoir sur les civiles et militaires partisans de l’ancien régime et passées sous silence ou favorisées par certains cadres du nouveau pouvoir au pouvoir auraient créé une psychose de guerre et auraient favorisé les radicaux à envisager le pire en renversant les institutions élues.
Ce que personne ne peut ignorer est que les massacres à caractère génocidaire, déclenchées après la mort du président élu étaient aussi favorisée par l’idéologie de la haine ethnique qui avait pris racine dans les cœurs de plusieurs Burundais depuis des années.
Quand le Président Buyoya avait initié le projet de la charte de l’unité Nationale, il savait que des Burundais se regardaient en chiens de faïences sans se l’avouer.
La Charte de l’Unité nationale, que je considère comme le « lancement » d’un long projet de réconciliation malgré plusieurs obstacles au cours du chemin, avait eu la chance de se matérialiser avec les acquis des Accords de paix et de la Réconciliation d’ Arusha.
En moins de 10ans avec le concours des partenaires, les médias, la société civile Burundaise, on était sur la bonne voie pour éradiquer l’idéologie de la haine ethnique.
La preuve en est que, en dépit de toute instrumentalisation et de toute manipulation par le pouvoir du CNDD-FDD depuis Mai 2015, les Burundais ont résisté heureusement à la division ethnique. N’eussent été les commandos de la mort et jeunes à cerveaux lavés utilisés pour semer la terreur, tous les efforts du régime à retourner la situation en conflits ethniques se seraient voués à l’échec.
Une avancée significative, en tout cas de ce point par rapport aux autres périodes conflictuels de l’histoire du Burundi. Heureusement qu’on y avait pensé…
Unité Nationale, heureusement qu’on y pensé, l y a 30ans.
Ce grand chantier de réconciliation nationale a besoin d’être consolidé par tous et pour une paix durable avant de tourner définitivement cette page sombre de notre histoire. On a besoin de
retrouver cette charte combien importante, afin de parler beaucoup plus de ce qui nous unit que des diversions noyées dans les clichés ethniques trompeurs.
Cela étant, avant de retrouver l’Etat de droit, il serait utopique malheureusement de statuer encore sur cette Charte de l’unité pour la rendre encore vibrante et vaillante!
Dans tous cas, même si les traumatismes sont encore présents au sein des Burundais et que nous sommes toujours fragilisés par les conflits politico-éthniques entretenus dans une idéologie génocidaire sévissant encore dans la région, nous avons la chance que cette charte de l’unité qui avait été battue survivra encore .
On est sûr que si le chantier de l’unité Nationale n’avait pas été initiée par Feu Major Pierre Buyoya, les dégâts de la guerre civile auraient été encore plus catastrophiques, qu’ils l’ont été, sur tout le territoire Nationale.
Vive l’Unité Nationale, Vivent Les Burundais Unis contre le mal de la division, de la ségrégation!