Dans son rapport du mois de janvier 2018, le Forum pour le Renforcement de la Société Civile au Burundi, FORSC en sigle dit que le régime en place sensibilise la population à voter « oui » au référendum, qu’il intimide, terrorise, arrête et torture des citoyens soupçonnés d’être contre ce projet d’amendement de la constitution.
Que des citoyens en ont déjà été victimes à peine un mois après le lancement de la campagne d’explication du contenu de la constitution que le régime cherche à faire adopter. Le Président Pierre Nkurunziza, jure que l’année 2018 sera une année des « sanctions » contre ses opposants politiques qu’il nomme par le terme de « intumva » en kirundi qui se traduit par le mot « sourds », « têtus » ou « récalcitrants » en français.
Il dénonce 17 cas de violation des droits humains ci-haut cités et considère le changement de la constitution du Burundi comme noyau de tels cas dans ces derniers jours.
Le rapport parle aussi d’un communiqué de presse n° 01/2018 du 19 janvier 2018, que le ministre de l’énergie et des mines Côme Manirakiza a revu à la hausse le prix des produits pétroliers. Dit que l’essence super et le gasoil coûtent désormais 2 250 Fbu tandis que le pétrole lampant coûte 2 000 Fbu. L’essence et le gasoil ont grimpé de 150 Fbu alors que le pétrole lampant a connu une hausse de 200 Fbu. Quelques jours avant la hausse, la tactique a été de créer une pénurie. Il s’observait de longues files d’attente au niveau des stations-service.
FORSC déplore que malgré cette hausse, la pénurie et les spéculations sur ces produits ont persisté.
Il dit que les prix des denrées alimentaires sont montés consécutivement à cette hausse des prix des produits pétroliers.
Le régime politique en place se méfie de ce secteur clé de la vie nationale qui fait objet de politisation à outrance. Des enseignants victimes des abus de l’autorité scolaire ne peuvent plus vaquer paisiblement à leurs activités quotidiennes. Certains sont même révoqués, dans un contexte malheureusement de manque criant d’enseignants dans les écoles, au détriment des enfants qui bénéficiaient de leurs prestations, continue ce rapport
FORSC parle aussi de la santé comme quoi plus de quatre cents (400) patients de malaria dont neuf décès avaient déjà été enregistrés à l’hôpital de Ngozi pendant le seul mois de janvier 2018. Que l’autorité de l’hôpital dénonce la qualité des médicaments qui sont offerts aux patients. Rappelons que l’épidémie de paludisme qui s’est déclarée en 2017 a fait plus de 3000 morts sur plus de 7 millions de burundais atteints par la maladie. Le Ministère de la santé se félicite d’avoir maîtrisé la maladie mais des efforts restent à consentir dans ce secteur.
Dans l’avant dernier chapitre de son rapport, FORSC affirme qu’il a des informations recueillies sur la distribution des armes aux jeunes du parti au pouvoir des zones rurales de la commune Gitega par l’Administrateur Valentin Nahimana, et le secrétaire communal du parti CNDDFDD, Eraste Ntahondi. Que chaque colline aurait un représentant des jeunes armés et que ces informations précisent les identités des Imbonerakure qui ont bénéficié de ces armes sur certaines collines. Colline Bwoga: Felix Ndarubone, Colline Mukanda: Cubwa Julien, Colline Mubuga:Emmanuel Ntakarutimana.
Le FORSC est grandement préoccupé par une telle situation dans le pays. Il émet ainsi les recommandations qui suivent :
Au gouvernement du Burundi :
De mettre un terme au terrorisme d’Etat qui n’est qu’une stratégie de Pierre Nkurunziza pour se maintenir bon gré malgré au pouvoir ;
De suspendre l’enterrement de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation par la révision non concertée et anti- constitutionnelle de la constitution qui en est l’issue ;
De mettre fin aux contributions forcées qui ne font qu’aggraver la situation économique des ménages déjà en mal de vivre ;
De sanctionner les auteurs des crimes et des incitations à la haine et à la violence politique ;
De combattre la corruption et de remettre le pays sur les rails de la croissance économique ;
De mettre en avant le respect de la loi et l’instauration d’un Etat de droit.
A la population burundaise
De rejeter les appels à la violence et les enseignements à la haine ethnique, et résister ainsi à la tyrannie que le régime de Pierre Nkurunziza lui impose ;
De refuser le projet d’amendement de la constitution qui ne vise que l’intérêt d’un seul homme qui veut se maintenir au pouvoir.
A l’EAC, UA et ONU :
De suivre de près la situation du Burundi et de prendre des mesures concrètes pour protéger le peuple burundais en danger ;
De poursuivre la pression sur le régime en vue d’une résolution pacifique du conflit ;
De contraindre le régime de Pierre Nkurunziza à renoncer au projet d’amendement de la constitution.
A la CPI :
D’accélérer l’enquête sur la situation du Burundi afin de poursuivre les auteurs des crimes contre l’humanité en cours au Burundi.