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Des mesures controversées à Mabayi : Sécurité ou discrimination ?

Le 18 février 2025, une réunion s’est tenue au chef-lieu de la commune de Mabayi, dans la province de Cibitoke, sous la direction de l’administratrice communale, Jeanine Izabampora. Cette rencontre, destinée à la population locale, avait pour objectif affiché de renforcer la sécurité dans la région. Cependant, les décisions prises lors de cette réunion ont suscité une vive polémique, beaucoup les percevant comme des mesures discriminatoires à l’encontre des femmes et des filles.
Des restrictions ciblées sur les femmes
Sous prétexte de garantir la sécurité, l’administratrice a instauré des règles qui semblent davantage accentuer les inégalités de genre que protéger la population. Parmi les mesures les plus marquantes, une interdiction formelle a été imposée aux femmes et aux filles de travailler dans certains secteurs, notamment dans les bistrots et autres établissements similaires. Cette décision prive ainsi de nombreuses femmes d’activités génératrices de revenus, essentielles à leur subsistance quotidienne.
En outre, un couvre-feu spécifique a été décrété : aucune femme ou fille n’est autorisée à circuler après 20 heures, sauf si elle est accompagnée de son mari. Cette restriction, qui ne semble pas s’appliquer aux hommes dans les mêmes termes, limite drastiquement la liberté de mouvement des femmes et renforce leur dépendance vis-à-vis des figures masculines.
Fermeture des bistrots et contrôle strict
Les mesures ne s’arrêtent pas là. Les bistrots, lieux souvent fréquentés en soirée, doivent désormais fermer leurs portes à 21 heures et n’ont plus le droit de diffuser de la musique la nuit. Selon Jeanine Izabampora, ces dispositions visent à réduire la circulation nocturne, en particulier celle des femmes, dans ces établissements, tout en renforçant la sécurité globale de la commune. Elle a également averti que toute infraction à ces règles serait sévèrement sanctionnée, promettant des punitions exemplaires pour les contrevenants.
Une population indignée
Si l’administratrice défend ces mesures comme nécessaires à l’ordre public, elles sont loin de faire l’unanimité parmi les habitants de Mabayi. Beaucoup dénoncent des décisions injustes, qui excluent les femmes et les filles des opportunités économiques et restreignent leur autonomie. « Ces règles ne protègent pas, elles punissent », confie un habitant sous couvert d’anonymat. Pour de nombreuses familles, la perte de revenus liée à l’interdiction de travailler dans les bistrots risque d’aggraver une situation économique déjà précaire.
Sécurité ou contrôle discriminatoire ?
Cette initiative soulève des questions plus larges sur l’équilibre entre sécurité et égalité. Si le renforcement de la sécurité est un objectif légitime, les moyens employés à Mabayi semblent privilégier une vision conservatrice, où les femmes sont les principales cibles des restrictions. Les critiques appellent à une révision de ces mesures pour qu’elles répondent réellement aux besoins de toute la population, sans distinction de genre.
En attendant, la tension reste palpable dans la commune. Les habitants espèrent un dialogue avec l’administration pour faire entendre leurs préoccupations et obtenir des ajustements à ces règles controversées. Pour l’heure, Jeanine Izabampora campe sur ses positions, laissant planer le doute sur une éventuelle évolution de la situation.
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