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Burundi: Opinion: Au royaume de “Nyabagendwa », en attendant les lendemains meilleurs, mieux vaut se fier  à « Humura et Inzamba”. 

“Nyabagendwa”signifie littéralement”: »lieu très fréquenté  et  fréquentable ». C’est un terme symbolique pour parler d’un territoire vivable. Un endroit où les visiteurs peuvent se sentir en sécurité totale. Pas seulement les visiteurs, mais plutôt tout le monde. Parfois ça peut être une invitation à visiter un territoire. Le concept serait né dans un contexte de besoin de justifier que le danger n’y est plus. C’était au Burundi…Je ne saurais pas vous dire quand. Selon un sage à qui j’ai demandé l’origine du mot, le mot aurait été utilisé pour expliquer que la guerre, les catastrophes, les animaux, les bandits/Gatarina ne se trouvaient plus sur le chemin d’un visiteur dans une région…

Généralement, c’est une manière de positiver une situation qui l’est moins.  La paix ne se vente pas, elle se vit. Il est inutile de répéter chaque fois que le territoire est “Nyabagendwa” si réellement ça l’est. Les faits parlent d’eux mêmes. Les faits sont têtus, dit-on en Français ou « Akuzuye ntikamurikwa »nous répétaient souvent les sages Burundais.

Actuellement, la terminologie »Uburundi ni Nyabagendwa » en vogue est tout simplement une campagne menée par les autorités Burundaises, depuis le bordel né depuis le 3è mandat, pour contrarier avec/ou nier tous les rapports sur les violations graves des droits humains au Burundi. C’est un langage ironisé dans la guerre de communication pour nier la vérité sur la situation au Burundi. Il faut dire que même les plus grands criminels ne sont jamais fiers d’être perçus ainsi. C’est pourquoi pendant que les bourreaux tuent, en même temps ils tiennent à effacer les traces.

C’est d’ailleurs une des étapes importantes de la conception de la répression ou de génocide. 

Comme l’information et la communication sont devenus de nos  jours des éléments moteurs dans les guerres idéologiques ou géostratégiques, il faut des équipes bien rodées pour mener ce combats. Ainsi, des laboratoires du négationnisme, de désinformation sont minutieusement mis en place par l’oppresseur. Et le processus est le même: opprimer et communiquer pour nier. Mentir et répliquer  systématiquement le contraire de ce qui est fait. Des montages grotesques sont souvent organisés pour intoxiquer l’opinion. Il n’est pas rare de piéger certains journalistes indépendants, en leur donnant des informations, pour ensuite prouver le contraire afin de mettre en cause la crédilité des journalistes rapporteurs et des médias.

Les négationistes s’en servent aussi des erreurs commises antérieurement par des médias crédibles pour nier les faits rapportes par ces mêmes médias…Le cas le plus emblématique qu’ils citent souvent est celui du rapport baisé par les américains sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein en Ira en 2003…. Des théories de complots contre le Burundi sont déterrés de nulle part pour jouer à la victime éternelle …..Tout ça pour nier l’évidence. Entre temps, comme le dit bien un proverbe Africain un mensonge peut donner des fleurs, mais pas des fruits.

A travers seulement ces quelques exemples du quotidien d’un Burundais que je vous partage, vous pouvez comprendre que le slogan d’un Burundi « Nyabagendwa »n’est que du pipeau.  Des faits qui se passent loin des médias ou loin des lieux de « concerts de masque »organisés à Bujumbura pour prouver que tout se porte a merveille. Excepté ce premier cas du calvaire de magistrats de Bururi, tout ce dont je parle ici n’est nullement documenté et rapporté régulièrement par les médias et les organisations de droits humains.

Ce calvaire des magistrats de Bururi…

Ces magistrats de Bururi, qui sont accusés de rebelles et qui seraient condamnés à des lourdes peines de prison n’étaient que des simples magistrats. Ils n’étaient pas de « rebelles » comme l’ont directement affirmé les autorités policières. Ils ne s’étaient retrouvés, autour de la table que pour tuer partager un verre. Juste comme le font d’autres fonctionnaires quand ils ont eu la chance de parvenir a joindre les bouts de moi.

Selon des témoins, on aurait fabriqué des faits inexistants pour leur faire accuser d’un crime très sévèrement puni au Royaume de « Nyabagendwa ». Au juste, un alibi pour accuser ceux qui seraient haïs pour leurs idées justes. Voilà qu’une simple parodie de justice sans aucun respect de procédure peut conduire ces jeunes magistrats dans les prisons parmi les plus invivables du monde! Au Royaume de Nyabagendwa, il suffit que tu aies un contentieux avec un imbonerakure du coin, soit tu risques la vie soit tu finis la vie dans les geôles pour le restant de la vie ….! Que dire alors d’un simple paysan Lamda au Royaume de »Nyabagendwa »

Même les appétits sexuels peuvent s’en mêler….

L’histoire qui m’a brisé le coeur est  m’est raconté par un ami.  Lui aussi chagriné par ce fait. Une famille aurait été obligée de prendre le large et fuir vers un pays limitrophe du Burundi parce qu’une femme aurait refusé les avances d’un haut placé  dans le  système du Royaume de »Nyabagendwa »! Par soucis de protéger les autres membres de familles, cela ne s’est même pas fait écho dans aucun média….! Ce cas, est malheureusement  loin d’être isolé.

Il y en a pire dans les écoles…..

Un enseignant avec qui j’échangeais, cette semaine écoulée sur l’échec scolaire de ces derniers temps, m’a finalement raconté pire que ça dans son milieu. Il me parla plutôt des réalités méconnues du grand public qu’on vit dans le secteur de l’énseignement au Royaume de « Nyabagendwa ». Ironiquement d’ailleurs, parce que c’est malheureusement fréquent et ils en sont presque habitués. Mais, ce qui est resté gravé dans ma mémoire est le viol des nombreuses fillettes. Ces dernières seraient obligées de coucher contre leur gré bien sur,  avec certains imbonerakure souvent responsables de certains services   étatiques dans leurs localités, Ces enfants sont obligés de mourir  intérieurement par le chagrin pour ne pas pouvoir au moins  dénoncer leurs bourreaux. Ces adolescentes doivent garder en elles le lourd secret de ces atrocités pour se protéger et protéger leurs familles….! Une double peine….

Enfin ce vacancier au Royaume de « Nyabagendwa »rapidement désillusionné…

Au Royaume  de « Nyabagendwa », les gens peuvent danser. c’est possible de s’amuser si on a les moyens.  Des concerts de musique, à couper le souffle sont même régulièrement organisés pour montrer que tout va bien. Certains vacanciers peuvent se la couler douce pendant leur séjour à Bujumbura souvent sans être inquiétés….Ça fait partie de la stratégie de communication politique du régime dans un pays fermé pour les médias libres. Ils misent sur le bouche à oreille et les réseaux sociaux.. Donc, Il faut faire le tout pour cacher la réalité à ces gens qui pourraient être des »mauvais rapporteurs »pour le régime. Il faut donc que les vacanciers se sentent en sécurité. Contrairement à la réthorique dont ils sont habitués dans les médias indépendants. Et je parie que peu sont les vacanciers qui se participent pendant leurs séjours à l’ouverture d’une permanence du parti CNL, à Campazi,  à Ntega, à Butaganzwa…J’ose aussi douter qu’ils ne sont nombreux  à se précipiter à aller vivre le quotidien des de rescapés des camps à Ruhororo, à Mutaho, à Bugendana…

Je ne doute que les vacanciers de la diaspora pro-pouvoir peuvent aider à relayer les messages négationistes des communicateurs du royaume de « Nyabagendwa ». Gare à celui qui n’est pas du système et qui relaie ce dont il ne connait ni tenants ni aboutissants. Il peut s’amuser à répéter leur chanson en attendant que son tour vient. La morale de la Fontaine nous rappelle que l’on comprend l’autre que quand son tour vient. Parfois, il ne suffit tout simplement d’avoir le malheur d’être à un mauvais endroit au mauvais moment. Ah oui justement, c’est comme ça au Royaume de « Nyabagendwa ».

Et voilà justement qu’un certain vendredi soir au mois de mai 2019, Jean, burundais résident en l’occident, en séjour au Burundi se fait rapidement désillusionner.  Alors qu’il profite depuis 2semaines de ses vacances”paisibles » à Bujumbura, il eut le malheur de rencontrer un cortège de véhicules d’un dignitaire du régime sur une des nombreuses routes délabrées. Sa voiture est cognée par un chauffard de ce cortège. C’est par chance qu’il n’y laisse pas la vie. Curieusement, au lieu de lui venir en aide, surtout qu’il était blessé à la tête ou d’appeler la police de roulage pour faire le constant, il a été séquestré, malmené et même menacé de mort. La sécurité l’accuse finalement d’avoir prémédité cet accident de ce dignitaire dont il n’avait même jamais entendu. Je vous épargne les gymnastiques de la débrouille à la Burundaise qu’il a fait pour échapper au pire….. »!

Et pour vous donner l’idée, il venait d’appeler ses compatriotes résident en Europe pour leur dire que le Burundi est « Nyabagendwa »et leur avait suggéré de pas se fier uniquement  aux nouvelles de « Humura et Inzamba » . 

Après cet incident malheureux, une fois en lieu sûr, Jean a rappelé ses amis à qui il avait venté le « Nyabagendwa »pour leur raconter une autre version, par cet incident, cette fois-ci avec un autre ton! Bagenzi nahatswe gupfa mu Kanya isase…Habaye ahimana »qui signifie: ”Les amis, j’ai failli mourir en si peu de temps, c’est Dieu qui m’a sauvé! Apres avoir compati avec lui, à la Burundaise, les amis l’ont rappelé pour lui avouer que eux continuent à se fier à « Humura et Inzamba » en attendant les lendemains meilleurs….

N.B. Jean est prénom emprunté pour raison de sécurité.

JC ND.

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