Burundi: A qui profitait l’attaque de Ruhagarika?

La nuit du 11-12/05/2018 aura été très meurtrière à la deuxième transversale de la colline Ruhagarika, zone Gasenyi commune Rugombo, longeant le long de la Rusizi qui sépare le Burundi de l’Est de la RDC. Plusieurs ménages de cette localité ont été attaqués vers 01h du matin, selon les témoins, 28 personnes ont été atrocement tuées et 7 autres grièvement blessées.

Ce qui est plus grave encore, c’est que 11 parmi les victimes de ce carnage sont des petits enfants. Un acte qui pourrait faire objet de crimes contre l’humanité contre les auteurs.
Malheureusement, tout ceci s’inscrit dans le registre des autres actes ignobles perpétrés au Burundi depuis le coup de force contre les Accords d’Arusha. Au lendemain de cette attaque meurtrière dont les auteurs restent encore à identifier, d’autant plus qu’aucun de ces malfrats n’a pas été appréhendé pour faciliter les enquêtes, des interrogations suscitent au sein de l’opinion nationale qu’internationale.
Notre rédaction de itaraburundi.com essaie de décortiquer certaines zones d’ombre.

Une attaque à une période moins réconfortant pour Nkurunziza!

L’attaque survient au lendemain de la fameuse lettre de l’Union Africaine au Président en exercice de la communauté Est Africaine et Médiateur principal dans le conflit Burundais Yoweli Kaguta Museveni, une lettre qui demande à Museveni à faire tout son possible afin que le réféndum ait lieu après le dialogue inclusif interburundais, une mise en garde à peine violée dans un langage très diplomatique. Cette attaque meurtrière précède également la mise en garde des Etats Unis contre le pouvoir de Bujumbura pour toute violation d’un compromis Burundais. Inutile de revenir sur la déclaration ferme de l’Union Européenne quant à ce référendum tant décrié.
L’attaque vient d’avoir lieu après la fermeture des radios internationales BBC et VOA et la mise en garde de la RFI qui fait la chronique des médias ces derniers temps.
D’autres informations des sources internes du CNDD-FDD concordent à révéler des désaccords même au sein de l’oligarchie au pouvoir et dans les corps de sécurité pour ce référendum. Un autre élément non moindre, demeure ce que vient de révéler l’opposition interne dirigée par Rwasa et Amizero y’abarundi dans la campagne électorale, qui confirme l’impopularité de Nkurunziza et sa clique malgré le verrouillage de l’espace politique et médiatique pour museler toute voix discordante. Le pouvoir de Bujumbura ne pouvait pas imaginer que des milliers de Burundais pouvait dépasser la peur et la menace pour sortir de leur mutisme imposé à coup de canaux et bastonnade pour suivre le leader de la coalition Amizero y’Abarundi qui défie le pouvoir dans ses rassemblements de  » Tora Oya=Voter Non » de loin très suivis par rapport à ceux de Nkurunziza qui peinent à persuader l’opinion malgré tous les moyens de l’Etat et la force dont usent les imbonerakure pour obliger les gens à aller suivre la campagne  » Tora Ego=Voter Oui ». Une douche froide pour le pouvoir de Nkurunziza qui ne pouvait pas imaginer ce scénario exprimé par les campagnes référendaires

D’autres informations font état d’existence des groupes armés hostiles au pouvoir de Bujumbura qui seraient en train de se renforcer pour mettre à terme à ce pouvoir criminel.

Tous ces éléments ne font que renforcer la situation très compliquée dans laquelle se trouverait Nkurunziza. D’où alors, il serait question d’une opération de grande envergure pour Nkurunziza d’abord resserrer ses rangs et galvaniser ses troupes qui commenceraient à se disperser, ensuite la fameuse attaque interviendrait pour créer diversion quant aux préoccupations du moment au sein de la communauté nationale et internationale et enfin pour surtout discréditer la possible rébellion armée qui serait taxée de s’attaquer aux civils et surtout aux enfants.
Pour ceux qui se rappellent de la période post-électorale de 2010, les services de renseignement de Nkurunziza et les escadrons de la mort de Nkurunziza avaient organisé un massacre à Gatumba pour étouffer une rébellion du FNL aile de Nzabampema (dissidente de Rwasa Agathon), le service national de renseignement n’avait pas hésité de sacrifier des membres du parti au pouvoir pour tuer un certain  » Mukono ».

Au lendemain de cette attaque, les Burundais ont été choqués par le massacre aveugle qui avait fait 39  victimes de civiles innocents la nuit du 18 au 19 septembre 2011, avant de découvrir la nature de cette mise en scène horrible du SNR, révélé à l’époque par les enquêtes indépendantes d’un média local et plusieurs témoignages concordants qui ont confirmé la présence des services de renseignement au lieu de l’attaque avant et après ces tueries.

Pour le présent scénario de ce carnage de Ruhagarika, selon des informations de nos sources sur place à Ruhagarika en commune Buganda, les auteurs de ce crime seraient présents sur place quelques heures avant l’attaque.

On se demande comment cela serait-il possible que des éléments viennent de l’autre côté de la Rusizi et passent des heures dans cette localité, avant l’attaque, sans réveiller aucune supsçon au sein de la population locale alors qu’il y a présence permanente des imbonerakure dans cette zone?

 

Il est également difficile de comprendre où seraient passés ces malfaiteurs alors que la région et la frontière de la Rusizi est toujours surveillée par les forces de l’ordre et plusieurs imbonerakure?

 

Et enfin, comment était-il possible que des groupes rebelles puissent venir, attaquer et retourner en RDC (République Démocratique du Congo) » sans qu’il y ait affrontement au moins en faisant le repris alors que la frontière est très surveillée?

D’autres éléments semblent être gênants dans cette affaire, c’est notamment le mode opératoire utilisé qui est semblable à celui des interahamwe et des escadrons de la mort de Nkurunziza.

En effet, aucun groupe armé jusqu’à maintenant n’avait attaqué les civils invulnérables en l’occurrence les enfants et les femmes, ce qui laisse effectivement des doutes sur les motivations de la rébellion quant à cette action. Il ne faut pas perdre de vue que tuer à la machine est le propre des interahamwe plutôt alliés de Nkurunziza. Par ailleurs, aucun groupe armé n’a revendiqué cette attaque.  Sur terrain, des informations révèlent qu’un des ménages ciblés par cette attaque serait la famille du triste célèbre caporal Nshimirimana Jean Marie Vianney alias Mutwa, une bête noire des opposants depuis la contestation du 3è mandat cité dans l’assassinat d’un cameraman de la RTNB et toute sa famille. Il est donc plus facile de faire diversion en ciblant les membres de la famille d’un vassal de Nkurunziza et faire des sacrifices sacrifier pour faire porter le chapeau à ces groupes armés dont le Ministre de la sécurité a déjà fait allusion, d’autant plus que les enquêtes seront sans doute orientées comme d’habitude de ce côté.

Il est donc probable que la clique de Nkurunziza aurait organisé cette attaque pour resserrer ses rangs qui commencent à douter suite à la popularité de l’opposant Rwasa et pour essayer de discréditer l’opposition armée qui pourrait légitimer sa lutte au sein de la communauté internationale après l’enterrement définitif de l’Accord de paix par le référendum du 17/05/2018.
Quant à ceux qui suivent de près la situation du Burundi, cette attaque de Ruhagarika semble être maquillée par la clique de Nkurunziza pour asseoir sa volonté de s’éterniser au pouvoir contre vents et marrées.